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Interview du Magazine culturel GEC n ° 3

Comment et quand a commencé ta démarche artistique?

 

Depuis mon enfance, je me souviens comme de façon naturelle, j’essayais de capturer sur du papier les images que je voyais. Je pense que le fait de s’exprimer avec des dessins depuis l’enfance est inné. C’est un langage universel. Encore aujourd’hui, j’essaye de sauver cette perception libre de préjudices de mon enfance, mais avec l’expérience et la connaissance du présent.

 

 

L’artiste naît en étant peintre ou le devient il?

 

Je pense qu’être peintre n’est pas un choix mais une prédisposition naturelle, une façon d’être, je dirais que c’est bien plus qu’inévitable. Il faut malgré tout cultiver cette capacité et la polir, c’est pour cela que tu dois apprendre à exprimer ce que tu veux communiquer si non ton objectif sera voué à l’échec.

 

La peinture est essentiellement une intuition sous une connaissance importante. Il y a des peintres avec des idées géniales mais cela reste un pur concept car ils ne sont pas capables de transmettre ce qu’ils veulent extérioriser, donc au final tout se résume à une sélection naturelle. Avec le temps, seules restent les meilleurs.

 

 

Que signifient pour toi l’art, l’oeuvre d’art et l’artiste?

 

Pour moi l’art est un moyen d’expression innée, un mécanisme subliminal qui attrape les sensations qui nous entourent et les expliquent avec une technique.

Sans aucun doute une oeuvre d’art est différente pour chacun d’entre nous, bien que nous nous accordons sur quelques unes du fait de leur excellence ou exécution. Il s’agit d’un objet ou acte qui nous fait transcender et nous interroger sur le sens des choses. Et être artiste, c’est une façon de comprendre le monde et une façon de l’exprimer. Si tu me poses demain la même question, je te donnerais surement une réponse différente voir contraire à celle que je viens de donner, (rires).

 

 

Quels sont pour toi les grands maîtres de la peinture, et pourquoi?

 

Alors mon inclination pour la Renaissance est incontestable. Par exemple après

l’obscure étape du Moyen Age, les valeurs classiques ressuscitent, et il se produit un changement culturel dans la façon de voir et représenter. Cela a assez influencé mes peintures, en me donnant la possibilité lors de mes voyages en Italie d’analyser les oeuvres des grands maîtres de la renaissance et les codes nécessaires pour apprendre à lire un tableau de la même façon que nous apprenons à lire un texte.

 

De même, l’influence de Velázquez pour une question de proximité et d’osmose culturelle, est indéniable. Elle a été constante pendant mon étude du traitement de la lumière et la composition. Cependant, mis à part mes préférences ou goûts pour le style classique, on peut dire que les plus grands maîtres qui m’on transmit le plus, sont en fait mes amis. J’ai pu apprendre d’eux en premier lieu la vibration du processus artistique.

 

 

Une peinture unique.

 

Toutes les peintures doivent être uniques. C’est une exigence indispensable dans la création artistique, l’originalité, bien que sans doute je préfère une bonne copie à un mauvais tableau original. Si tu te réfères à une oeuvre en particulier, je te dirais qu’avec le temps, je préfère les concepts, comme par exemple si nous parlons de Velázquez, j’utilise sa façon de peindre, mais je ne copie pas tel ou tel tableau.

 

 

Comment définirais-tu ton oeuvre et que prétends-tu communiquer avec elle?

 

Mon oeuvre est un processus de recherche constante dans l’apprentissage de mieux me connaître moi-même. C’est un des motifs qui donne du sens à mon existence. La peinture m’aide à analyser l’essence des choses à des niveaux métaphysiques, et avec cela je tente de transcender la vie quotidienne.

 

Ensuite, dans la méthode de construction des images que j’emploie dans le processus pictural, je relève deux éléments importants: l’un qui est la recherche d’une nouvelle interaction et traitement de la peinture avec le coup de pinceau précis et l’ambigüité; l’autre l’union de l’état, conscience et subconscient.

 

 

Actuellement, avec le développement de la nouvelle technologie et les moyens de communication, dans quelle partie se trouve la peinture? Penses-tu que tout est déjà tout dit?

 

Je pense qu’il n’y a pas de danger à ce que la peinture périsse, seulement meurent les formes artistiques. Le changement des techniques visuelles est une transition naturelle. Cela se voit depuis les peintures rupestres aux images digitales. L’ardeur d’expérimenter et de découvrir n’est pas seulement nécessaire, mais est en plus saint pour la santé et l’art présent. Le secret de la peinture contemporaine est en train d’utiliser les mêmes matériaux mais en mettant un nouvel ordre.

 

Les anciennes formes artistiques resteront toujours ici pour pouvoir les utiliser ou les réinventer. Avec la peinture nous pouvons rester tranquilles, il reste encore des façons de peindre car il y a encore des artistes qui vont naître.

 

 

Quelle relation existe-t-il entre l’artiste, les matériaux et la création artistique?

 

Il doit exister une harmonie entre l’état de création, la réalisation du processus artistique. Sans cohérence toute oeuvre perdrait sa raison d’être.

 

 

On parle toujours de l’inspiration comme une certaine muse qui aide l’artiste à développer son oeuvre. Quelles sont les muses qui inspirent Juan Marq?

 

Ce qui me motive depuis toujours c’est de donner une interprétation à l’inconnu, éclairé avec des thématiques les questions existentielles, en ce qui concerne la création, la mort, l’amour ou les contraires irréconciliables.

 

 

Quelle opinion as-tu des musés, centre d’art, d’exposition et galeries?

 

Je crois qu’ils sont souvent sous-évalués voir oubliés. Parfois je les vois comme des grands « mausoleos » où l’on se repose et où l’on empile les oeuvres d’art. C’est bien dommage pour notre société et notre patrimoine.

 

Il est important non seulement de regarder des oeuvres d’art mais aussi d’apprendre à les valoriser. Je suis conscient qu’en temps de crise, c’est ici qu’on réduit d’abord les dépenses, en ne reconnaissant pas la culture comme quelque chose d’éminemment « utile ». Mais moi je le vois plutôt comme une solution. Einstein disait que « dans les moments difficiles de crise, seule l’imagination est plus importante que la connaissance» et nous devons nous stimuler dans cela.

 

 

Quelle est la réalité artistique de Huelva, est-ce facile d’exposer ton oeuvre dans les diverses salles d’exposition de la province, ou au contraire, tu as besoin d’avoir un « mecenas » qui valorise ton oeuvre pour réussir à l’exposer?

 

Il est conseillé d’avoir un sponsor qui t’approuve et te soutienne. Tu ne peux pas toujours exposer où tu veux, il y a beaucoup de concurrence et la diffusion est très importante pour que ton oeuvre arrive au meilleur public possible. Mais il faut tenir en compte que tu dois peindre pour toi-même, pas pour un mecenas ou une galerie, ainsi tu seras sûr que tes tableaux plaisent au moins à quelqu’un, (rires).

 

 

Existe-t-il un vide dans l’art des onubense (habitants de Huelva) pour les jeunes artistes?

 

En réalité, il est difficile de se consacrer à l’art, pas seulement à Huelva mais aussi en Andalousie, mais cela doit exister, il est nécessaire d’étudier les artistes illustres de notre terre et ne pas oublier nos racines pour apprendre d’où nous venons et pourquoi, mais il faut aller de l’avant avec nos visions pour pouvoir évoluer et pour cela il faut une prédisposition et un espace naturel. La tradition est seulement l’illusion du permanent, nous devons regarder vers le futur.

 

 

Quelle est ton opinion à propos des concours de peinture?

 

Je crois que c’est une opportunité pour pouvoir s’évaluer soi même et se motiver. Mais aucun cas je le vois comme une compétition, mais plutôt comme un moyen pour mieux te connaitre et progresser en apprenant des autres et voir jusqu’où se dirige la peinture actuelle. Je pense que les modes ne sont pas à suivre, mais plutôt à créer, mais cela n’est vraiment pas facile.

 

 

En plus de la peinture, quelles autres formes artistiques travailles-tu?

 

Et bien le monde visuel est très étendu et riche, chaque jour il y a plus de moyens d’expression et en plus ils évoluent rapidement, aussi bien dans la méthodologie que dans sa transmission.

 

Le concept essentiel artistique est le plus important, puis tu dois apprendre le langage où tu souhaite l’interpréter et l’extrapoler. C’est pour cela que j’aime expérimenter dans les arts alternatives proche de la peinture, comme le sont la photographie, le dessin traditionnel, le dessin digital, et j’aimerais aussi essayer avec des images en mouvement, c’est quelque chose que j’envisage de faire.

 

 

Par tes peintures nous pouvons déduire que ton inquiétude créative t’amène à visiter différents lieux du monde, dont fait partie la capital de l’Italie. Que signifie pour toi la ville éternelle? Pourquoi est elle arrivée à être le thème central de quelques une de tes créations?

 

L’intemporel m’a toujours attiré l’attention, quelque chose qui pourrait succéder à n’importe quel moment de n’importe quelle époque, paysages oniriques où notre imagination peut se promener encore et encore sans la lourde charge du temps qui passe.

 

Je pense que les monuments classiques sont idéals pour ce type de représentations qui ont supporté tant d’années d’histoire et qui continuent de maintenir les valeurs essentielles de l’architecture. C’est de là qu’ont surgis mes tableaux et photographies sur les panoramas italiens.

 

 

Parlons de ta série “Mythomania”.

 

Ce n’est pas nouveau comme thème à traiter, au fil des époques la question des mythes s’est développée à partir de différentes connotations culturelles, mais chaque vision personnelle a une façon de le raconter. Dans ces peintures je me submerge dans certaines histoires et souvenirs de mon enfance sur les mythes, où la maturité s’est déjà saupoudrée et formée depuis mon subconscient des images et des référents.

 

Je crois que la façon qui me suggère de représenter ces évocations de réalité et fantaisie techniquement, pourrait être comme deux existences reflétées, deux images superposées qui se confondent et forment quelque chose de nouveau comme lorsque nous regardons dans le verre d’une fenêtre et que s’y reflète notre visage, nous apercevons aussi l’extérieur, et en cet instant si nous plissons les yeux, nous voyons quelque chose de nouveau.

 

Dans ce monde surnaturel s’intègrent les figures, qui disparaissent jusqu’à faire partie de leur contour, l’atmosphère se fait éthérée et confuse en formant avec les objets représentés, de nouveaux éléments en jouant ainsi avec l’imagination du spectateur.

 

 

Traduit de l'espagnol

 

 

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